Le jeu vidéo au Québec a une histoire fascinante marquée par l’innovation et une croissance remarquable, passant d’une industrie naissante dans les années 1980 à l’un des plus grands centres de développement au monde.

Les Premiers Pas (1980-1990)

L’histoire du jeu vidéo au Québec commence avec la sortie en 1982 de Tétards (« Baby Frogs »), le premier jeu développé dans la province, pour la plateforme Apple II. Ce jeu fut distribué par Logidisque, une maison d’édition fondée par l’écrivain Louis-Philippe Hébert. Quelques années plus tard, en 1984, Mimi la fourmi, un jeu éducatif, voit également le jour. Cependant, ces débuts modestes ne marquaient pas encore la naissance d’une véritable industrie.

En 1982, Bernard Landry, alors Ministre du développement économique dans le gouvernement de René Lévesque, publie un document précurseur de 250 pages intitulé Le virage technologique qui mettra les bases des investissements de l’État québécois dans des industries technologiques.

L’industrie prend de l’ampleur en 1986 avec la création de Softimage, une entreprise pionnière dans la production de logiciels de graphisme 3D, dirigée par Daniel Langlois. C’est un moment charnière qui jette les bases du développement des technologies multimédia au Québec.

Les Années 1990 : La Fondation de Studios Locaux

C’est dans les années 1990 que le Québec commence véritablement à se faire un nom dans l’industrie du jeu vidéo. En 1992, la fondation de MEGATOON à Québec marque la naissance d’un studio de grande envergure. Son premier jeu, Jersey Devil, sur Playstation, fut un précurseur des jeux sur console développés dans la province. En 1996, MEGATOON est racheté par Malofilm Communications et fusionne pour devenir Behaviour Intéractif, qui deviendra l’un des plus grands studios du Québec, connu pour le mégasuccès Dead by Daylight.

L’année 1997 est décisive avec l’arrivée d’Ubisoft à Montréal, suivie de plusieurs autres grands studios internationaux, attirés par un crédit d’impôt incitatif.

Les succès à répétition d’Ubisoft Montréal avec des franchises établies telles que Prince of Persia, Far Cry et Rainbow Six, ainsi que la création des nouvelles franchises Assassin’s Creed et Splinter Cell, le place rapidement comme l’un des studios piliers de l’éditeur français et son plus grand centre de production au monde, comptant aujourd’hui plus de 3000 employés.

Ce développement propulse le Québec en tant qu’un des centres mondiaux du développement de jeux vidéo.

  • Jersey Devil, premier jeu sur console développé au Québec par MEGATOON
  • 1997 : Arrivée de Ubisoft à Montréal

Les Années 2000-2010 : L’Explosion du Secteur et des Studios Indépendants

Dans les années 2000, le Québec connaît une explosion du nombre de studios de jeu vidéo. Des entreprises comme Frima Studio (2003) et Ludia (2007) contribuent à renforcer la place de la province sur la scène internationale.

D’autres joueurs majeurs ouvrent des studios au Québec, notamment Electronic Arts Montreal (2004), Eidos-Montréal (2007), Warner Bros. Games Montréal (2010), entre autres.

En parallèle, le secteur des jeux vidéo indépendants commence à croître; le jeu Fez du développeur québécois Phil Fish fait sensation mondialement grâce au documentaire Indie Game : The Movie et de nouvelles initiatives qui propulsent les jeux indépendants sur l’avant-scène, telles que Xbox Live Arcade. On voit également l’apparition de nombreux nouveaux studios tels que Sarbakan (1998) et Illogika (2009) qui vont rapidement se distinguer par leurs projets innovants.

Le Québec devient aussi un pôle majeur pour le jeu vidéo mobile, avec la fondation de Gameloft Montréal (2000), puis Hexacto (2001). Fondé en 2011, Square Enix Montréal fera sa marque dans le marché mobile avec Hitman GO et Lara Croft GO, entre autres.

2010 et au-delà : Une Croissance Continue et de Nouveaux Enjeux

Depuis 2010, le secteur des jeux vidéo au Québec n’a cessé de se développer. Le nombre de studios a augmenté de manière significative, passant à plus de 300 studios en 2022. 

On voit de plus en plus de studios de taille moyenne apparaître. Ces studios, tels que Red Barrels (2011) et Panache Jeux Numériques (2014), sont fondés par des vétérans de l’industrie, mettant au profit leur expertise dans la création d’un patrimoine vidéoludique de propriété québécoise.

Ces vétérans transmettent également leur savoir aux nouvelles générations de développeurs, que ce soit au sein de leur studio ou devant des salles de classe. Le Québec compte désormais plus de 75 programmes de formation dédiés à la conception de jeux vidéo dans ses établissements scolaires. (Source : Synthèse)

Quelques Jeux Clés Développés au Québec

  • Prince of Persia, Assassin’s Creed, Splinter Cell (Ubisoft)
  • Tomb Raider, Marvel’s Guardians of the Galaxy, Deus Ex: Human Revolution (Eidos-Montréal)
  • Dead by Daylight (Behaviour Interactive)
  • Jotun, Spiritfarer (Thunder Lotus Games)
  • Outlast (Red Barrels)
  • The Messenger et Sea of Stars (Sabotage)
  • Ancestors: The Humankind Odyssey (Panache Jeux Numériques)
  • Outward (Nine Dots Studio)
  • Teenage Mutant Ninja Turtles: Shredders Revenge, Mercenary Kings (Tribute Games)
  • Army of Two (EA Montreal)
  • Baldur’s Gate 3 (Larian Studios)
  • Batman : Arkham Origins, Gotham Knights (WB Games Montreal)
  • Disney Dreamlight Valley (Gameloft Montréal)
  • Call of Duty, Crash Team Racing (Beenox)
  • Fez (Polytron Corporation)
  • We Happy Few (Compulsion Games)
  • Pewdiepie : Legend of the Brofist, Turbo Kid (Outerminds)
  • Broken Edge (Trebuchet)
  • Été (Impossible
  • Hitman Go, Lara Croft Go (Square Enix Montréal)
  • Infernax (Berzerk)
  • Journey to the Savage Planet (Raccoon Logic)
  • La vallée qui murmure (Studio Chien d’Or)
  • Sang-Froid : Tales of Werewolves (Artifice)
  • Season : A letter to the future (Scavengers Studio)
  • Two Falls : Nishu Takuatshina (Unreliable Narrators)
  • This bed we made (Lowbirth Games)
  • Tribes of Midgard (Norsfell)
  • Ultimate Chicken Horse (Clever Endeavour Games)
  • Keepsake (Wicked Studios)
  • Kona (Parabole)

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Autres contributeurs :

Sophie Bernard, journaliste – Le Lien Multimédia

Mario J. Ramos, rédacteur en chef – Videoludique.ca